7Q5 est l'abréviation de Qumran, (grotte) 7, (fragment) 5. Ce papyrus a été identifié par le Père José O'Callaghan comme pouvant être la plus vieille version de l'Évangile de Marc 6, 52–54:
....car ils n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était endurci. Après avoir traversé la mer, ils vinrent dans le pays de Génésareth, et ils abordèrent. Quand ils furent sortis de la barque, les gens, ayant aussitôt reconnu Jésus,
En grec:
[52 Οὐ γὰρ συνῆκαν] ἐ[πὶ τοῖς ἄρτοις · ἀλλ’ ἦν α]ὐτῶν ἡ [καρδία πεπωρωμέν]η . 53 Καὶ δ[ιαπεράσαντες ἦλθον εἰς Γε]ννησ[αρέτ , καὶ προσωρμίσ]θησα[ν . 54 Καὶ ἐξελ θόντων αὐτῶν ἐκ τοῦ πλοίου εὐθέως ἐπιγνόντες αὐτόν,]
Texte de Marc en gras indique qu'il s'agit du fragment.
- [ΣΥΝΗΚΑΝ]Ε[ΠΙΤΟΙΣΑΡΤΟΙΣ]
- [ΑΛΛΗΝΑ]ΥΤΩΝΗ[ΚΑΡΔΙΑΠΕ]
- [ΠΩΡΩΜΕΝ]ΗΚΑΙΔΙ[ΑΠΕΡΑΣΑΝΤΕΣ]
- [ΗΛΘΟΝΕΙΣΓΕ]ΝΝΗΣ[ΑΡΕΤΚΑΙ]
- [ΠΡΟΣΩΡΜΙΣ]ΘΗΣΑ[ΝΚΑΙΕΞΕΛ]
- ΘΟΝΤΩΝΑΥΤΩΝΕΚΤΟΥΠΛΟΙΟΥ
L'alignement n'est pas parfait, mais en soi, cela ne doit pas surprendre. Les manuscrits grecs anciens étaient copiés en majuscules, sans espace entre les mots et les mots eux-mêmes étaient coupés où finissait la ligne du scribe, donc parfois en plein milieu d'un mot. Les correspondances sont néanmoins plus que suffisantes pour reconnaître qu'il s'agit bien du texte de l'Évangile de Marc.
Ceci dit, le fait que la grotte 7 soit entourée et extrêmement proche des grottes 6, et 8 à 10, ne prouve pas que ces fragments ont la même origines que les autres fragments de Qumran.
Textes en hébreu ou en araméen:
- grottes 1 à 6 et 8 à 11: quasi tous
- grotte 7: aucun
- grottes 1 à 6 et 8 à 11: marginal
- grotte 7: tous
Proximité de jarres qui devaient servir de protection aux manuscrits
- grottes 1 à 6 et 8 à 11: quasi toutes
- grotte 7: aucunes
Comme on le voit, il existe entre la grotte 7 et les autres grottes de Qumran trop de différences, pour que les fragments de cette grotte aient la même origine que ceux des autres grottes. Cette origine différente plaide aussi pour une temporalité différente. Il n'existe aucune raison de supposer que les textes qui y ont été dissimulés datent de la Première Guerre judéo-romaine de 66–70; ceux-ci peuvent tout aussi bien dater — et même plus vraisemblablement — de la Seconde Guerre judéo-romaine de 132–135; voire plus simplement des persécutions anti-chrétiennes des années 140/150 opérées par les Romains à la même époque et dans cette région comme le rappelle Justin. Les chrétiens étaient condamnés à nourrir les lions dans la Judée, devenue avec Hadrien, la Palestine.
La présence de ce fragment de l'Évangile de Marc appelle très vite d'autres questions, puisqu'on ne voit pas qui d'autres que des chrétiens en fuite soit à cause de Bar Kokhèbâ, soit à cause des persécutions romaines pourr aient avoir entreposés ces manuscrits.
Les autres fragments identifiés appartiennent à l'Exode, à l'Épître de Jérémie et au Livre d'Hénoch. La proximité de ce texte avec l'Évangile de Marc montre que pour les premiers chrétiens, le Livre d'Hénoch était certainement canonique; ce qui se conçoit aisément quand on lit l'Épître de Jude, ou quand on compare les paraboles évangéliques avec les Paraboles d'Hénoch. On doit encore remarquer que Paul affirme que
la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l'autorité dont elle dépend. (1 Cor. 11, 10).
C'est-à-dire, porter un voile. Certes, on peut invoquer Genèse 6, mais on a plutôt l'impression que Paul s'adresse à des gens qui sont familiers au Livre d'Hénoch qui rapporte dans le détail les unions des anges aux filles des hommes et la tentation que les femmes représentaient pour les anges. Enfin, Genèse 6, dans les écoles rabbiniques, se rapporterait pour eux aux chefs des temps anciens qui s'unissaient aux filles du peuple.
Bref, le rejet du Livre d'Hénoch hors du canon biblique reste un scandale de la part des conciles chrétiens.
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