mardi 7 janvier 2020

Je ne suis venu que pour les brebis égarées d'Israël — Réponse aux musulmans et aux chrétiens

Cette phrase est utilisée par les musulmans pour affirmer que la mission de Jésus fut essentiellement locale, et incidemment pour affirmer que la mission de Muhammad est universelle. 
Les chrétiens répondent à cela que Jésus, après sa résurrection, a envoyé Jésus faire des disciples dans le monde entier.

Cette phrase est à la fois simple et complexe et a donné lieu à des interprétations diverses, certains la comprenant comme Jésus qui demanderait à ses disciples de rechercher les tribus perdues d'Israël; et certains affirmant même que les non-Juifs qui entrent dans les mouvements types messianiques, ce serait parce qu'ils auraient un ancêtre juif oublié, et qu'ils rejoignent l'évangélisme messianique. Ces interprétations sont totalement erronée.

La phrase n'a été dite que deux fois par Jésus, et n'est transmise que par l'évangile de Matthieu en deux circonstances différentes.

Le passage de Matthieu est le suivant:
Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger.  Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze apôtres. [...] Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions suivantes: N'allez pas vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche. etc. (Mt 9, 35–38 et 10, 1–7)
Le passage ne présente aucune difficulté, ce passage a été énoncé au moment où se constitue les premiers disciples; et c'est bien dans ce cadre spécifique qu'il faut comprendre le passage. Jésus envoie ses disciples recruter d'autres disciples; mais, les chrétiens l'oublient trop souvent, l'enseignement de Jésus suppose que tu as des bases de judaïsme, si tu ne sais pas les fêtes, les commandements, etc. il faut d'abord que tu apprennes cela, avant d'avoir les enseignements spécifiques de Jésus. Les païens n'ont évidemment aucune connaissance de la Torah. Jésus a simplement pris une décision pragmatique, pour l'instant, nous sommes peu nombreux, formons d'abord des fils d'Israël, et pour les autres on verra ensuite. En fait, il aurait été plus facile dans le découpage en chapitres de Matthieu, de rattacher 9, 35–38 au chapitre 10, certaines personnes croyant que le passage d'un chapitre à un autre marquerait une rupture. La division en chapitres n'a comme but que de faciliter les références. 

Le second passage se réfère à la guérison de la cananéenne (Mt. 15, 21–28); il existe une version qu'on peut lire encore chez Marc 7, 24–30 qui ne précise pas que c'est une cananéenne et qui ne mentionne pas les brebis égarées. 
Lors d'un voyage à Tyr, une femme demande à Jésus de guérir sa fille, Jésus la rejette disant qu'il n'est venu que pour les brebis perdues de la Maison d'Israël. Elle insiste et Jésus la rejette disant qu'il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens; la femme répond à Jésus que les petits chiens peuvent manger les miettes qui tombent de la table. Alors Jésus lui dit que sa foi est grande, et sa fille est délivrée des démons qui l'oppressaient. 
Ce passage donne parfois lieu à des accusations de xénophobie contre Jésus. C'est mal comprendre le passage. Les théologiens chrétiens ont en général interprété le passage comme le refus de Jésus d'aller vers les païens de son vivant; ils estiment que c'est après sa résurrection qu'il envoie ses disciples.

D'abord, les Cananéens avaient disparu depuis 1000 ans au moment où la scène se déroule; elle n'est donc pas cananéenne. Deux mots hébreux peuvent se rapprocher phonétiquement de Cananéenne: kana° (כנע) qui signifie «s’humilier» et qana’ (קנא) qui signfie «jaloux» et qin’ah (קנאה), «jalousie, envie, zèle». La première idée est que cette femme est humble, ce qui est d'ailleurs le cas. La seconde idée, c'est de se référer au vocabulaire juif de l'époque qui n'est pas forcément celui qui sera retenu dans le Talmud. Dans le Talmud, un converti s'appelait un gèr, un étranger qui réside avec les Juifs, un prosélyte. À l'époque, on utilisait aussi pour désigner les convertis l'appellation de zélateur des coutumes juives (Antiquités 20, 47). La cananéenne n’est donc pas une cananéenne, ni non plus une humiliée, mais c'estc une convertie, une zélatrice des coutumes juives. Jésus ne la rejette pas comme on pourrait le croire, il la teste. En effet, à l’époque de Jésus, des hommes et des femmes se convertissaient, non par amour pour Dieu ni pour pratiquer avec exactitudes ses commandements, mais pour des avantages : les communautés étaient riches et puissantes, elles avaient de nombreux privilèges dont la dispense du culte impérial et un impôt moindre que celui des locaux; seuls les Grecs étaient mieux traités par les Romains. Socialement, le Juif était entre le citoyen romain de plein droit et le local, mais dans la réalité sa situation était bien plus proche de celle du citoyen romain que du local qu’il soit syrien, égyptien, mauritanien. Donc bien des gens voulaient devenir juif pour les avantages. Jésus test la femme, quand il comprend son humilité, elle devient pour lui une sœur et il guérit sa fille. Aucune xénophobie dans le passage, juste testé le converti pour voir sa sincérité.

Ce passage ennuie les chrétiens, parce que justement ils sont bien obligés d'admettre que s'il a converti des non-juifs, il les a convertis au judaïsme et pas au christianisme. Les chrétiens ne veulent pas se faire circoncire ni accomplir les commandements. Pourtant, Jésus a dit qu'il n'était pas venu abolir les commandements. 

Le concile de Jérusalem a pourtant été clair, Jacques frère de Jésus a dit (Actes 15, 19–20):
C'est pourquoi je suis d'avis qu'on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu'on leur écrive de s'abstenir des souillures des idoles, de l'impudicité, des animaux étouffés et du sang.
Que veut dire cette phrase? Qu'il faut accepter tous les commandements de la Torah dont la circoncision, et tous les autres. Les chrétiens diront qu'ils ne lisent pas cela dans le texte; pourtant Jacques donne bien deux limites: la première est énoncée dans les versets précédents, il s'agit des païens d'Antioche, c'est-à-dire des non-Juifs qui vivent en dehors de la Judée. La seconde, c'est: ceux des païens qui se convertissent à Dieu. Or la plupart des chrétiens ne sont pas des païens à l'origine; ils sont des fils de chrétiens, eux-mêmes fils de chrétiens, etc... La parole de Jacques veut simplement dire que si pour des convertis de la première et de la seconde génération, la circoncision n'est pas obligatoire, mais qu'elle devra le devenir dans les générations suivantes, mais qu'entre temps ils doivent appliquer les lois noahides. Les lois noahides sont transmises aux non-juifs qui veulent se convertir et qui doivent être appliquée entre le moment où ils manifestent leur désir et où ils se convertissent complètement...

Les chrétiens n'ont pas compris Paul, un rabbin, si tu viens pour te convertir, va d'abord te dire non, pour tester ta motivation; quand il voit que tu es réellement motivé on te converti... Mais les chrétiens ont utilisé les paroles de Paul et les ont déformées pour justifier leur incirconcision... L'islam est une punition de Dieu pour notre refus de la circoncision et de la casheroute... Quant aux musulmans, en disant que la Torah et l'évangile sont falsifiés, ils sont comme les chrétiens, dans l'ignorance.

— Stephan Hoebeeck





1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Le tronc commun Juifs, judéo-Chrétiens et Juifs messianiques ce sont les 10 commandements, les respecter c'est accomplir l'amour du prochain (► Matthieu 22:39,40)
    2. La circoncision ne fait pas partie des 10 commandements.

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