Est-ce que les évangiles ont été altérés? La plupart des chrétiens s’insurgeront en faux contre cette affirmation; le problème, c’est qu'il a été montré que les évangiles sont des traductions de l’hébreu ou du judéo-araméen (à distinguer du syro-araméen de la peshitta ou du palimpseste sinaïtique, qui sont des traductions du texte grec). À la fin du IVe ou au début du Ve siècle, saint Jérôme a pu voir un évangile hébraïque et a noté plusieurs différences avec le grec; plusieurs mais pas toutes.
La recherche actuelle estime que tous les évangiles proviennent de deux sources: Proto-marc et Source Q; si l’on préfère, les Actes de Jésus et les Paroles de Jésus.
D’éminents chercheurs comme Philippe Rolland ont aussi montré que ces sources ont fait l’objet d’une double traduction; ce qui permet de comprendre certaines différences entre synoptiques.
Toute altération est soit volontaire, soit involontaire.
Une altération involontaire est facile à comprendre quand Marc (5, 13) dit qu’il y avait environ deux mille porcs qui se jettèrent dans le Lac, c’est parce que le traducteur à confondu (כאלפים) qui peut se vocaliser ke’alpayim (environ deux mille) ou ka’alapîm (par bandes); ou quand Marc dit (4, 19): les soucis du monde, la séduction de la richesse et les désirs au sujet du reste. Quel reste? la phrase ne voulant rien dire, on ne la traduit pas ou on modifie le grec dans les bibles. C’est une faute de traduction de l’hébreu qui avait (שאר), le mot, vocalisé sha’ar signifie «reste» et vocalisé she’ér signifie «chair»… La phrase avait donc les soucis du monde, la séduction de la richesse et les désirs de la chair. Ce sont différentes altérations que la recherche a mis en évidence grâce aux études hébraïques.
Puisqu’il y a des originaux hébreux ou araméens, et que ceux-ci sont perdus, on doit se demander s’il y a des altérations volontaires.
La narration des épis arrachés (Mt. 12, 1–7 / Mc 2, 23–26 — Lc 6, 1–4) a certainement été altérée volontairement en vue de s’opposer au sabbat. Le texte présente des différences particulières entre évangiles (Mt. et Lc disent que les disciples arrachent les épis pour les manger; mais Mc ne le précise pas); ensuite, les pharisiens leur reproche de violer le sabbat.
D’abord, il faut savoir que la phrase se rapporte à Dt 23, 26: Quand tu entreras dans les blés de ton prochain, tu pourras, avec la main, arracher des épis; mais tu ne porteras point la faucille sur les blés de ton prochain.
Donc, on constate que l’on pouvait manger des épis pour se nourrir. Néanmoins, au début de l’ère chrétienne, les rabbins avaient réinterprétés le versets et en avaient donnés une interprétation plus restrictive, comme cela se voit dans le Targum de Deutéronome (traduction araméenne de la Bible), puisque dans cette traduction, ceux qui sont autorisés à cueillir et à manger ceux des épis ne sont plus n’importe quel homme qui aurait faim, mais «ceux qui travaillent au champ»…
Le débat original concernait donc l’interprétation de ceux qui pouvaient manger les épis, soit celui qui avait faim, soit, seulement, celui qui travaillait aux champs. Comme une telle interprétation ne leur plaisait pas, ILS ONT FALSIFIÉ LE TEXTE POUR REMETTRE EN CAUSE LE SABBAT.
Ce simple exemple, nous permet de mieux comprendre le Jésus historique, il s’opposait aux modifications de sens qu’avaient énoncé certains maîtres pharisiens… Le système interprétatif de la torah selon Yèhôshu°a devait être assez simple et basé sur la scripturalité des passage, et l’amour de Dieu et du prochain. La règle d’or de Jésus est avant tout basé sur le commandements de l’amour du prochain. A-t-il remis en cause les pénalités prévues par la Torah? personnellement, j’en doute, en Mt 18, 15–17, Jésus dit:
Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Église; et s'il refuse aussi d'écouter l'Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain.
Cette phrase veut bien dire qu’il faut rejeter les injustes qui ne se repentent pas, puisqu’à cause de l’occupation romaine on ne peut les punir.
Revenons aux épis arrachés; différentes observations contradictoires m'ont été faites dont celle qui estimerait que que froisser des épis de blé (seul Luc le précise) en vue de les manger serait interdit le sabbat; une telle interprétation est inconnue du Talmud, du moins inconnue de moi. En effet, une telle interprétation reviendrait à dire que celui qui prend la nourriture dans son assiette violerait le sabbat; le sabbat n’est pas un jour de jeune, mais un jour pendant lequel il faut limiter les activités profanes… Se nourrir n’est pas un acte profane, mais un acte sacré quand il est consacré à Dieu.
Afin d’être parfaitement clair, Marc dit qu’ils arrachaient des épis, mais ne dit pas qu’ils s’en nourrissaient. Si cela avait été le cas, on leur aurait reproché la dégradation volontaire d’un champ qui ne leur appartenait pas; mais ce n’est pas le cas. Si c’étaient des ouvrier du champ, on ne leur reprocherait pas d’avoir manger quelques grains, mais bien d’avoir travaillé le sabbat, mais ce n’est pas le cas. Bref, on ne trouve rien de cohérent.
Bien entendu, on me dira que mes suppositions ne sont que des suppositions, et que je devrais plutôt démontrer que Jésus respectait le sabbat. Or, malgré toutes les réécritures des évangiles, il y a quand même un passage qui leur a échappé et qui montre que Jésus n’a jamais remis en cause le sabbat. Il se lit en Luc (14, 1–6), après avoir guéri un hydropique, Jésus demande aux pharisiens s’il est
permis ou non de faire une guérison le jour de sabbat?
Sans réponse de leur part, il guérit l’homme et leur dit:
Lequel d’entre vous, si son fils ou son boeuf tombe dans un puits, ne l'en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat?
Même idée ailleurs (Lc 13, 14–16) quand, après un miracle, un chef de synagogue dit qu’
Il y a six jours pour travailler; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat.
Et Jésus lui rétorque
Est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son boeuf ou son âne, pour le mener boire?
On lit dans Matthieu que Jésus allait guérir un homme un sabbat, et que les pharisiens le surveillaient afin de pouvoir l’accuser; Jésus leur répondit:
Lequel d'entre vous, s'il n'a qu'une brebis et qu'elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l'en retirer?
Toutes ces phrases laisse supposer que Jésus, à la différence d’eux, ne ferait aucune de ces actions un sabbat; autrement dit, Jésus respectait le sabbat. Il considérait que les miracles qu’il accomplissaient n’avaient rien à voir avec l’interdiction du sabbat; s’il plaît à Dieu d’agir à travers lui un sabbat qui serait-il pour s’opposer à la puissance de Dieu… Les miracles de Jésus ne violaient pas plus le sabbat que les sacrifices des prêtres pendant le sabbat…
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