lundi 29 juin 2020

Coronavirus

Le coronavirus est un virus proche du SRAS 2002. Ce dernier provient des chauves-souris, le covid 19 des pangolins. Ebola provient aussi des chauves-souris frugivore. On s'attend à une nouvelle pandémie qui pourrait provenir du porc, il s'agirait d'une souche proche du H1N1 mais plus virulente et plus mortelle.
La transmission de ces virus à l'homme demeure très mystérieuse et ce n'est que pour le SRAS 2002 que le patient 0 a été identifié. Il s'agissait d'un restaurateur chinois spécialisé en chauves souris qu'il préparait crues ou cuites; étant tout les jours au contact avec celle-ci soit qu'il les mangeait soit qu'il les préparait, son corps a saturé du virus. En saturant du virus, celui-ci a pu muter et devenir mortel à l'homme. Le SRAS 2002 était létal mais peu contagieux (cela ne veut pas dire qu'il ne l'était pas); le covid 19 est moins létal mais plus contagieux, donc en quantité de victimes, il est bien plus létal que le SRAS 2002.

Qu'est-ce que cela nous apprend? Hashèm juge le monde à chaque instant qui passe, Il a suscité le sida pour punir les dérives sexuelles des années soixante... Les maladies qu'Il a suscité ont toutes été contractées par des animaux dont la cacherout est exclue. Normalement, seuls les Juifs sont astreints à la cacherout mais si Hashèm suscite des maladies à partir de ceux qui mangent des nourritures interdites, c'est qu'il commence à juger le monde sur base de la Torah et non sur le respect ou non par les nations des lois noahides. L'émergence du sida peut s'expliquer par cela, mais pas le covid qui répond aux violations de la cacherout.

mercredi 4 mars 2020

Le péché contre l’esprit

Le péché contre l’esprit est un logion particulièrement ardu du Nouveau Testament, il est présent dans les synoptiques (Mt. 12, 31–32; Mc 3, 28–29; Lc 12, 10) et dans l’Évangile de Thomas (logion 44); ce qui en rend l’interprétation complexe, c’est qu’il diffère subtilement entre les trois évangiles et qu’il y est énoncé dans des contextes différents. 
Chez Matthieu et chez Marc, 

  • le royaume divisé (Mt. 12, 25–28; Mc 3, 23–26; Lc 11, 15–20)
  • l’homme fort ligaturé (Mt. 12, 29; Mc 3, 27; Lc 11, 21–22)
  • qui n’est pas avec moi disperse (Mt. 12, 30; Mc 9, 40; Lc 11, 23)
  • péché contre l’esprit (Mt. 12, 31–32; Mc 3, 28–29; Lc 12, 10)

Pour Matthieu, ensuite:

  • l’arbre bon (Mt. 12, 33; Lc 6, 44)
  • - race de vipère (Mt. 12, 34;  Lc 6, 45b)
  • - ce qui se tire du bon trésor (Mt. 12, 35; Lc 6, 45a)
  • - chaque parole vaine (Mt. 12, 36–37)
  • - les miracles

Pour Marc, ensuite: 

  • conclusion sur les exorcismes de Jésus (Mc 3, 30: Jésus parla ainsi parce qu'ils disaient: Il est possédé d'un esprit impur.)

Chez Luc

  • Il n’est rien de caché (Lc 12, 2–3; Mt. 10, 26–27; Mc 4, 22 court)
  • Ne craignez pas (Lc 12, 4–5; Mt 10, 28)
  • Cinq passereaux (Lc 12, 6–7; Mt. 10, 29–31)
  • Quiconque me reconnaîtra (Lc 12, 8; Mt. 10, 32)
  • Celui qui me renierait (Lc 12, 9; Mt. 10, 33; Mc 8, 38)
  • péché contre l’esprit (Lc 12, 10; Mt. 12, 31–32; Mc 3, 28–29)
  • quand on vous mènera devant les synagogues (Lc 12, 11; Mt. 10, 19; Mc 13, 11a)
  • l’esprit vous sera donné (Lc 12, 12; Mt. 10, 20; Mc 13, 11b)

Chez thomas

  • le pied de vigne arraché (logion 40; Mt 15, 13)
  • celui qui a (log. 41; Mt 13, 12; 25, 29; Mc 4, 25; Lc 8, 18; 19, 26)
  • soyez des passants (log 42)
  • ils aiment l’arbre et haïssent le fruit (log 43; Mt. 12, 33)
  • logion de l’esprit (log 44, et.)
  • pas sur des épines (log. 45; Mt. 12, 31–32; Mc 3, 28–29; Lc 6, 44–45)

Il est clair qu’il s’agit d’une parole isolée de Jésus que les évangélistes ont tenté de relier avec d’autres
Les versions matthéenne et marcienne sont longues, mais dédoublées serait plus exact.
Matthieu écrit: 
[12.31.] C'est pourquoi je vous dis: Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. [12.32.] Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir.
Marc écrit: 
[3.28.] Je vous le dis en vérité, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu'ils auront proférés; [3.29.] mais quiconque blasphémera contre le Saint Esprit n'obtiendra jamais de pardon: il est coupable d'un péché éternel.
Luc écrit:
[12.10.] Et quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné; mais à celui qui blasphémera contre le Saint Esprit il ne sera point pardonné.
Les évangiles hésitent sur le sens à donner à l’expression bar ènosh, le fils de l’Homme. Cette expression a une double signification, puisqu’elle désigne le Fils de l’Homme daniélique ou le messie spirituel, mais aussi n’importe qu’elle être humain (un fils d'homme = un être humain). Quand Jésus dit que le Fils de l’Homme est maître même du sabbat, cela ne signifie pas que le Fils de l’Homme messianique peut décider d’abolir le sabbat, mais simplement que n’importe quel homme peut profaner le sabbat pour des raisons impérieuses, comme quand sa vie est menacée. Le dédoublement du logion qu’on lit chez Matthieu et chez Marc est le reflet de leur hésitation: «S’agit-il de blasphémer Jésus ou le Fils de l’Homme, ou s’agit-il de calomnier n’importe quel homme.» Il est clair que le second sens est plus logique, c’est bien de calomnies envers les autres dont il est question, et non de calomnier envers le Fils de l’Homme messianique. Le blasphème consiste à mal-dire, à médire, à profaner. 

Le sens le plus évident du logion est donc que le blasphème contre l’Esprit Saint consiste à calomnier les actions de l’Esprit Saint; par exemple, en disant que les exorcismes faits par Jésus seraient dus à l’action des démons et non à l’action de l’esprit saint. Ce sens n’est néanmoins pas le seul. 

À l’époque de Jésus, circulait un texte secret essénien appelé le Discours des deux exprits (http://essenochristianisme.blogspot.com/2015/04/): le monde est partagé entre deux esprits: l’esprit de perversion et l’esprit de vérité: l’esprit de perversion est destiné à mourir, l’esprit de vérité à triompher à la fin des temps. L’homme est soumis à l’influence de ces deux esprits qui le mène dans la perversité ou dans la vérité. 
L’esprit de perversion est l’esprit individuel, l’Esprit de vérité est l’esprit caché, l’Esprit saint. Quand l’homme pratique, il peut vivre des expériences terrifiantes liées au combat entre ces deux esprits, la plus terrifiante d’entre elles, c’est quand l’esprit de perversion se met à mourir. Quand cela arrive, l’homme a deux possibilités, soit il l’accepte cette mort, alors qu’il est toujours vivant et alors l’Esprit de vérité peut commencer à remplir l’être humain; soit il refuse, ou plutôt prend peur face à la mort et pour lui, c’est la chose la plus terrible, parce qu’en prenant peur, l’Esprit de sainteté ne remplit par l’homme, mais la mort de l’esprit de perversion est devenue irréversible. Ceux qui connaissent cela, deviennent des pervers, sorciers, corrompus, mécréants, ils n’ont plus aucune limite dans les crimes, ils sont devenus exécrables aux hommes et à Dieu… La vie de Jésus nous explique cela très bien… Quand on lui annonce qu’il va mourir, entendez que son esprit de perversion va mourir, il prend peur; mais il se ressaisi. Quand cet esprit de perversion se met à mourir; il demande à son père pourquoi l’a-t-il abandonné? Ensuite, il se résigne et accepte la mort, il rend l’esprit, c’est ensuite qu’il ressuscite, entendez que l’Esprit de vérité se manifeste dans sa plénitude en lui… 

Tout le secret consiste à renoncer à soi-même; à lâcher prise… la chose la plus simple et la plus compliquée qui soit.

— Stephan HOEBEECK


mercredi 19 février 2020

Jésus, altération des évangiles et sabbat

Est-ce que les évangiles ont été altérés? La plupart des chrétiens s’insurgeront en faux contre cette affirmation; le problème, c’est qu'il a été montré que les évangiles sont des traductions de l’hébreu ou du judéo-araméen (à distinguer du syro-araméen de la peshitta ou du palimpseste sinaïtique, qui sont des traductions du texte grec). À la fin du IVe ou au début du Ve siècle, saint Jérôme a pu voir un évangile hébraïque et a noté plusieurs différences avec le grec; plusieurs mais pas toutes.
La recherche actuelle estime que tous les évangiles proviennent de deux sources: Proto-marc et Source Q; si l’on préfère, les Actes de Jésus et les Paroles de Jésus.
D’éminents chercheurs comme Philippe Rolland ont aussi montré que ces sources ont fait l’objet d’une double traduction; ce qui permet de comprendre certaines différences entre synoptiques.

Toute altération est soit volontaire, soit involontaire. 

Une altération involontaire est facile à comprendre quand Marc (5, 13) dit qu’il y avait environ deux mille porcs qui se jettèrent dans le Lac, c’est parce que le traducteur à confondu (כאלפים) qui peut se vocaliser ke’alpayim (environ deux mille) ou ka’alapîm (par bandes); ou quand Marc dit (4, 19): les soucis du monde, la séduction de la richesse et les désirs au sujet du reste. Quel reste? la phrase ne voulant rien dire, on ne la traduit pas ou on modifie le grec dans les bibles. C’est une faute de traduction de l’hébreu qui avait (שאר), le mot, vocalisé sha’ar signifie «reste» et vocalisé she’ér signifie «chair»… La phrase avait donc les soucis du monde, la séduction de la richesse et les désirs de la chair. Ce sont différentes altérations que la recherche a mis en évidence grâce aux études hébraïques.
Puisqu’il y a des originaux hébreux ou araméens, et que ceux-ci sont perdus, on doit se demander s’il y a des altérations volontaires.

La narration des épis arrachés (Mt. 12, 1–7 / Mc 2, 23–26 — Lc 6, 1–4) a certainement été altérée volontairement en vue de s’opposer au sabbat. Le texte présente des différences particulières entre évangiles (Mt. et Lc disent que les disciples arrachent les épis pour les manger; mais Mc ne le précise pas); ensuite, les pharisiens leur reproche de violer le sabbat.
D’abord, il faut savoir que la phrase se rapporte à Dt 23, 26: Quand tu entreras dans les blés de ton prochain, tu pourras, avec la main, arracher des épis; mais tu ne porteras point la faucille sur les blés de ton prochain.
Donc, on constate que l’on pouvait manger des épis pour se nourrir. Néanmoins, au début de l’ère chrétienne, les rabbins avaient réinterprétés le versets et en avaient donnés une interprétation plus restrictive, comme cela se voit dans le Targum de Deutéronome (traduction araméenne de la Bible), puisque dans cette traduction, ceux qui sont autorisés à cueillir et à manger ceux des épis ne sont plus n’importe quel homme qui aurait faim, mais «ceux qui travaillent au champ»…
Le débat original concernait donc l’interprétation de ceux qui pouvaient manger les épis, soit celui qui avait faim, soit, seulement, celui qui travaillait aux champs. Comme une telle interprétation ne leur plaisait pas, ILS ONT FALSIFIÉ LE TEXTE POUR REMETTRE EN CAUSE LE SABBAT.
Ce simple exemple, nous permet de mieux comprendre le Jésus historique, il s’opposait aux modifications de sens qu’avaient énoncé certains maîtres pharisiens… Le système interprétatif de la torah selon Yèhôshu°a devait être assez simple et basé sur la scripturalité des passage, et l’amour de Dieu et du prochain. La règle d’or de Jésus est avant tout basé sur le commandements de l’amour du prochain. A-t-il remis en cause les pénalités prévues par la Torah? personnellement, j’en doute, en Mt 18, 15–17, Jésus dit:
Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Église; et s'il refuse aussi d'écouter l'Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain.
Cette phrase veut bien dire qu’il faut rejeter les injustes qui ne se repentent pas, puisqu’à cause de l’occupation romaine on ne peut les punir.

Revenons aux épis arrachés; différentes observations contradictoires m'ont été faites dont celle qui estimerait que que froisser des épis de blé (seul Luc le précise) en vue de les manger serait interdit le sabbat; une telle interprétation est inconnue du Talmud, du moins inconnue de moi. En effet, une telle interprétation reviendrait à dire que celui qui prend la nourriture dans son assiette violerait le sabbat; le sabbat n’est pas un jour de jeune, mais un jour pendant lequel il faut limiter les activités profanes… Se nourrir n’est pas un acte profane, mais un acte sacré quand il est consacré à Dieu.

Afin d’être parfaitement clair, Marc dit qu’ils arrachaient des épis, mais ne dit pas qu’ils s’en nourrissaient. Si cela avait été le cas, on leur aurait reproché la dégradation volontaire d’un champ qui ne leur appartenait pas; mais ce n’est pas le cas. Si c’étaient des ouvrier du champ, on ne leur reprocherait pas d’avoir manger quelques grains, mais bien d’avoir travaillé le sabbat, mais ce n’est pas le cas. Bref, on ne trouve rien de cohérent. 

Bien entendu, on me dira que mes suppositions ne sont que des suppositions, et que je devrais plutôt démontrer que Jésus respectait le sabbat. Or, malgré toutes les réécritures des évangiles, il y a quand même un passage qui leur a échappé et qui montre que Jésus n’a jamais remis en cause le sabbat. Il se lit en Luc (14, 1–6), après avoir guéri un hydropique, Jésus demande aux pharisiens s’il est
permis ou non de faire une guérison le jour de sabbat? 
Sans réponse de leur part, il guérit l’homme et leur dit:
Lequel d’entre vous, si son fils ou son boeuf tombe dans un puits, ne l'en retirera pas aussitôt, le jour du sabbat?
Même idée ailleurs (Lc 13, 14–16)  quand, après un miracle, un chef de synagogue dit qu’
Il y a six jours pour travailler; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat.
Et Jésus lui rétorque
Est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son boeuf ou son âne, pour le mener boire?
On lit dans Matthieu que Jésus allait guérir un homme un sabbat, et que les pharisiens le surveillaient afin de pouvoir l’accuser; Jésus leur répondit: 
Lequel d'entre vous, s'il n'a qu'une brebis et qu'elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l'en retirer?
Toutes ces phrases laisse supposer que Jésus, à la différence d’eux, ne ferait aucune de ces actions un sabbat; autrement dit, Jésus respectait le sabbat. Il considérait que les miracles qu’il accomplissaient n’avaient rien à voir avec l’interdiction du sabbat; s’il plaît à Dieu d’agir à travers lui un sabbat qui serait-il pour s’opposer à la puissance de Dieu… Les miracles de Jésus ne violaient pas plus le sabbat que les sacrifices des prêtres pendant le sabbat… 

mardi 18 février 2020

Les dix-huit ordonnances de Rabbi Shammay et les origines du christianisme

Le Sanhédrin quand il devint exclusivement pharisien était le siège de débats incessants entre l’école majoritaire d’Hillel et l’école minoritaire de Shammay; cette école était peut-être minoritaire en terme de sièges, mais très probablement majoritaire auprès du peuple. Elle défendait l’indépendance de la Judée et avait des vues conflictuelles avec l’occupant romain; au contraire de l’École de Hillel. La plupart des historiens sont d’accord pour dire que les dix-huit ordonnances de Rabbi Shammay furent  proclamées peu avant le début de la Grande Révolte. Flavius Josèphe rapporte que des décisions furent prises quand une partie des juges du Sanhédrin se rendirent auprès du procurateur Gessius Florus afin d’aider les publicains à réunir le tribut envers Rome. Ces ordonnances devaient être en discussion depuis longtemps, mais la majorité hillélite les avaient rejetées; quand les shammayites les proclamèrent, elles devinrent normatives pour l’ensemble du peuple Juif. Ces ordonnance visaient à empêcher tout contact entre Juifs et non-juifs: aucun juif ne pouvait plus acheter du pain, de l’huile, du fromage, du vin, du vinaigre et d’autres comestibles, de parler leur langue, d’accueillir leur témoignage et leurs offrandes. Depuis que Shammay les a défendues, elles s’étaient imposées aux Judéens. Dès leur proclamation, Ézéchias ben Hananya ordonne d’interrompre les sacrifices en faveur de l’empereur et ses offrandes lui sont renvoyées; ce qu’à Rome on considère comme une déclaration de guerre, d’autant plus que les Sicaires viennent de prendre Massada. Quand elles durent proclamées, le Talmud de Jérusalem dit que ce jour fut aussi funestes aux Israélites que celui où ils firent le veau d’or. Remarquons que ces ordonnances furent abolies par une voix célestes.

Ces ordonnances visent donc à empêcher tout contact entre païens et entre Juifs y compris l’interdiction de parler, puisque les Juifs ne peuvent plus parler les langues des nations mais seulement l’hébreu. On doit donc se demander si le but de ces ordonnances n’avaient pas comme but indirect d’empêcher les conversions. Un texte comme Esdras-Néhémie combat les mariages mixtes que chaque Juif/juive rejette son conjoint non-juif/non-juive ainsi que les enfants qu’il aurait pu avoir. Dans ce texte, il n’est aucun accommodement possible; en effet, la conversion du conjoint n’est jamais envisagée. Celui qui refuse est proclamé non-juif et est rejeté du peuple Juif. Esdras-Néhémie était classé en prophètes au Ier siècle; au IIe/IIIe siècle, il sera déclassé en Autres écrits, et disposé à la fin de la Bible, juste avant les Chroniques. Pour des raisons que je ne puis expliquer ici car trop longue, ces livres sont anti-datés; il s’agit d’un manifestes de l’école pré-pharisienne pour s’opposer à la politique de conversion de Jean Hyrcan qui vient d’intégrer les Iduméens (les descendants d’Esaü) dans le judaïsme. Ces gens croyaient que si les non-juifs se judaïsaient, la récompense pour le peuple Juif serait moindre — comme si Dieu était avare. La mekilta deRabbi Ishmaël rapporte qu’il est trois types de prophètes, celui qui aime Dieu et le Peuple Juif comme Jérémie; celui qui aime surtout Dieu comme Élie; et celui qui aime surtout le Peuple comme Jonas. Jonas ne veut pas convertir les Ninivites parce qu’il croit que si les Ninivites vivent droitement, le Peuple Juif qui n’observe pas parfaitement les commandements sera puni par Dieu. En réalité, Dieu aime tous les hommes, quand il ordonne à Jonas de convertir les Ninivites, c’est simplement parce qu’eux aussi sont ses fils et qu’il aimerait que leurs prières lui arrivent plutôt qu’elles ne soient interceptées par les idoles. 

Le shammayisme avait pénétré toutes les couches de la population juive, il est d’ailleurs significatif qu’elles furent abolies par une voix céleste; comme Pierre a qui Dieu a enjoint de rencontrer le centurion Corneille à travers une vision dans laquelle il mange des nourritures interdites. Quand Pierre se présente à Corneille, Pierre lui dit (Actes 10, 28): 
Vous savez, leur dit-il, qu'il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d'entrer chez lui (ce sont les ordonnances shammayites); mais Dieu m'a appris (par la vision qu’il vient d’avoir) à ne regarder aucun homme comme souillé et impur.
Les chrétiens ne comprenant pas l’emprise que les ordonnances shammayites avaient sur le Peuple Juif, croit que ce passage signifie que la casheroute est abolie, et c’est tout le contraire. Les traditions d’hommes qu’étaient ces ordonnances sont elles abolies, mais la casheroute elle est étendue à toute l’humanité si elle le veut bien…

Le christianisme est donc bien à l’origine un judaïsme reconstructionniste ouvert aux conversions qui a été déformé en abolitionniste de la Torah. Puisque Jésus l’a accomplie plus besoin de se fouler à observer les commandements, on peut dormir tranquille! Nenni, c’est comprendre au rebours de la vérité. 

Après que le Temple ait été détruit, le Judaïsme s’est probablement divisé entre ceux qui estimaient qu’on en faisait pas assez et ceux qui estimaient que les ordonnances de Rabbi Shammay avait plongé le Peuple Juif dans la désolation. Les premiers vont mener la seconde révolte contre Rome avec Shiméon bar Kokhèbâ et les seconds vont devenir les chrétiens… Quand les rabbins abolissent les lois shammayites, probablement vers 150/170, les chrétiens sont entrés dans un processus de divinisation de Jésus, les jeux sont faits, la dispute est consommée. 

samedi 1 février 2020

Sionisme et Islam

Je me souviens d'un ami musulman qui après la mort de sa mère était retourné à la Mosquée. Il parle avec quelqu'un qui voit passer quelqu'un de sa famille, un neveu, et il lui fait remarquer qu'il n'était pas à la mosquée; il s'excuse, il est désolé, mais que son oncle ne s'inquiète pas il déteste les Juifs et Israël. L'ami était outré! Le sionisme est presqu'au centre de tous les débats entre musulmans. L'islam est contre le sionisme? Mais est-ce justifié? personnellement, je ne le pense pas!

L’islam avec la conquête de l’Algérie et la colonisation des terres musulmanes, les retards pris en matière de technologie a connu un effondrement structurel. Il s’est réveillé par la révolte: les musulmans ont secoué le joug des colonisateurs et leurs pays sont redevenus indépendants. Certes, il y a encore les Ouïghours et les Rohingya, mais ils sont bien marginaux par rapport à la cause palestinienne; les musulmans s’enflamment surtout pour celle-ci qu’ils considèrent comme la plus grande injustice de tous les temps. 

Voyons l’histoire. La Judée perd son indépendance en –587 et les Judéens sont déportés en Babylonie, la Judée devient une simple province babylonienne presque déserte. Babylone ne semble pas y avoir gagné grand chose puisque leur empire est conquis par les Perses Achéménides. Cyrus a autorisé les Judéens à rentrer chez eux et à reconstruire le Temple, raison pour laquelle il sera appelé messie par Dieu (Is. 45, 1). Les Judéens sont soumis à l’autorité perse; en –336, Alexandre le Grand démembre l’Empire achéménide, mais son règne ne dure pas. La Judée est rapidement soumise à Ptolémée Lagide souverain d’Égypte, elle le restera jusqu’en –199, et deviendra une prise de guerre d'Antiochos III, après qu'il ait écrasé l’Égypte. Les Romains interviennent et il doit renoncer à dominer l’Égypte, mais comme l’Empire séleucide qui s’étend de la Turquie au nord de l’Inde vient de passer un siècle de guerres avec les Ptolémées d’Égypte, Antiochos trouve sage de marier sa fille Cléopâtre au jeune Ptolémée V. En –190, les Séleucides sont battus par les Romains, leur territoire n’est pas amputé, mais ils doivent payer un tribut gigantesque, l’Empire séleucide est ruiné. Quand Antiochos Épiphane succède à son frère, il a conscience que le Temple de Jérusalem regorge d’or; en effet, le Temple fait office de banque centrale judéenne, s’occupe de l’aide aux veuves et aux orphelins, gère l’impôt et garde les dépôts qui lui sont confiés. Quoique la Judée lui appartienne, il ne peut s’emparer légalement de ce trésor, il va donc trouver un prétexte et mettre le Temple à sac; il transforme le temple de Jérusalem en Temple de Zeus, et y fait sacrifier des porcs, installe des prostituées, etc. Les Judéens se révoltent sous la conduite de Judas Maccabée qui va libérer le Temple. Il sera tué mais son frère continuera la révolte et obtiendra, en –152, une semi-indépendance de la Judée et la fonction de grand-prêtre à laquelle il peut prétendre en tant que descendant d’Aaron et de Sadoq. La Judée se limite alors à Jérusalem, et une partie de Jérusalem reste occupée. Son neveu Jean Hyrcan lui succède en –133, il conquiert la Samarie en –125 et rase des temples idolâtres dont celui de Dagon. Il annexe l’Idumée et en convertit les habitants. La Galilée tombe aussi. Son fils Alexandre Jannée lui succède en –103 et s’empare de l’Iturée, les frontières du royaume de Judée sont presque revenues à leur taille biblique, celles-ci sont à 10 km de Damas, l’Antéliban est judéen, ainsi qu’une bonne partie de l’ouest de la Jordanie (Ammon et Moab). Malheureusement, il y a un conflit qui va diviser le judaïsme entre les pharisiens (futurs rabbins) et les Sadducéens (les prêtres fils d'Aaron). Après sa mort, ses fils se déchirent entre les deux idéologies et Rome en profite pour conquérir la Judée. Ils décident d’en faire un État-client dont ils confient la direction nominale au grand-prêtre Hyrcan II et la direction effective à Antipater, le père d’Hérode. La guerre civile reprend néanmoins et après l'avancée parthe, en –37, le sénat romain octroie à Hérode le titre de roi de Judée. En –4, à la mort d’Hérode, Auguste divise le royaume entre ses fils. L’un d’entre eux, Archélaos sera démis en 6, et la Judée-Samarie-Idumée devient une province romaine. En 66, éclate la Grande révolte, les sicaires prennent Massada et les Zélotes renvoient à Néron les animaux qu’il a offert au Temple. En 70, le Temple est incendié dans les combats liés à la prise de Jérusalem. Un million de Judéens sont morts, cent mille ont été réduits en esclavage, et 1/2 million doivent quitter la Judée pour rejoindre les différentes provinces impériales. En 114, l’empereur Trajan attaque l'Empire parthe et, contre toute attente, l'écrase avec facilité. Un de ses généraux, Lusius Quietus massacre la famille royale d’Édesse; celle-ci descend d’Izatès, roi khurde converti au judaïsme et dont la famille a racheté d’innombrables esclaves juifs et les a affranchis. Immédiatement les Juifs de Babylonie entrent en révolte, suivi par ceux d’Asie mineure, d’Égypte, de Cyrénaïque, de Chypre. Les Romains mettront quatre ans à reprendre le contrôle de ces provinces. Les Juifs survivants sont expulsés de celles-ci et regroupés en Judée. Trajan meurt et Hadrien lui succède, il fait rapidement exécuter Lusius Quietus et stabilise l’Empire. En 129, il se rend à Jérusalem, et les Judéens lui demandent de pouvoir reconstruire le Temple; Hadrien est favorable au projet afin de favoriser la réconciliation entre Juifs et Romains. Il faut savoir qu’Hadrien était pédophile et qu’il avait un amant très jeune appelé Antinoos (en 130, il avait 12 ou 13 ans). Les raisons de la mort de ce dernier demeurent mystérieuse, mais le lieu de sa mort (l’Égypte) et qu’il devait recevoir les initiations des dieux égyptiens (les prêtres égyptiens étaient circoncis) pourraient laisser supposer qu’il est mort d’une circoncision dont le sexe s'est infecté. Cette hypothèse est d’autant plus probable qu’il fait diviniser son amant et qu’en même temps il interdit la circoncision dans tout l’Empire romain; celle-ci devenant punie de mort car assimilée à la castration volontaire. Dans le même temps, il se convainc que la mort de son amant est due à l’autorisation qu’il avait donnée aux Juifs de reconstruire le Temple; il leur annonce donc que le Temple qui sera construit à Jérusalem sera un Temple de Zeus. Les Judéens se révoltent à nouveau sous la conduite de Bar Kokhebâ; les troupes judéennes liquident les légions stationnées en Judée. Hadrien va mobiliser 1/3 des légions romaines et appeler d’innombrables auxiliaires. La campagne de Judée est très dure, tous les Juifs, hommes, femmes, enfants et bébés sont exterminés. Les Romains empoisonnes les puits, etc. La résistance judéenne est écrasée à Bethar et Bar Kokheba y est tué. Hadrien se proclame le vengeur des Philistins (il s’agit d’envahisseurs mycéniens qui avaient conquis un territoire qui correspond à l’actuelle bande de Gaza vers –1200 et qui disparaissent vers –800) et décide d’appeler la Judée Palestine. En géographie grecque, Palestine est le nom de la bande de Gaza. Les Juifs survivants partent en Babylonie. Au IVe siècle, le décret leur interdisant de résider en Palestine est abrogé. Quand le christianisme prend le pouvoir les Juifs sont victimes de pogroms c’est à cette époque que se généralise contre eux l’appellation de Peuple déicide. Les lois se durcissent, la lecture de la torah doit être faite en Grec le jour du Shabbat, et il est interdit aux Juifs de l’interpréter, ce sont des moines chrétiens qui viennent leur expliquer que leur religion a été abrogée. Quand un Juif est tué dans un pogrom, les chrétiens ne sont pas condamnés, et s’il se défend, lui et sa famille sont punis…  La situation est telle que Juifs et Samaritains se révoltent vers 600, Jérusalem est libérée et redevient judéenne. Les armées d’Héraclius reprennent Jérusalem en 629. Les Juifs refluent en Babylonie. Les États musulmans leur offrent une certaine autonomie voire des fonctions. Les Juifs se redéploient partout, d’abord bien accueillis en Occident chrétien; quand des chrétiens commencent à comprendre que le message de Jésus est juif et que plusieurs d’entre eux se font circoncire, les persécutions commencent. Il en sera ainsi pendant 1000 ans. Au XVIIIe siècle, les lumières émergent et progressivement les Juifs s’assimilent aux sociétés d’accueil. Les sociétés européennes font un bond technique exceptionnel en quelques décennies. L’Espagne et l’Angleterre sont des nations colonisatrices; mais alors que la première veut amener l’Amérique au christianisme par l’apport de colons qui s’installent durablement, les seconds se contentent d’administrer les territoires qu’ils occupent s’en se soucier d’en troubler les traditions, ils sont là pour le business, et c’est tout; l’Amérique du Nord c’est un peu différent et s’explique avec la naissance du mouvement puritain en Angleterre dont les membres doivent s’expatrier pour éviter les persécutions. La France a quelques colonies aux Amériques ou dans les Îles. Suite à l’échec napoléonien, la France va se diriger vers des proies plus faciles, comme l’Algérie qu’elle conquiert et occupe en une vingtaine d’années. La France décide de laisser le choix aux Algériens entre la nationalité française et l’indigénat; mais décide que tous les Juifs d’Algérie sont français. L’Algérie était une province turque, la Turquie doit renoncer à ses provinces algériennes, etc. La Sublime Porte se souvient que le Liban est une zone majoritairement chrétienne et que la Palestine une région majoritairement juive. Elle estime que si les Français ou d’autres nations européenne décidaient d’occuper ces régions, il est très probable que chrétiens et Juifs les rallieraient; il est donc décidé d’installer des colons égyptiens, irakiens, turcs, musulmans afin d’y densifier la population musulmane et rendre ces deux territoires plus difficile à contrôler par les nations occidentales. Les terres font l’objet d’une vaste redistribution et les musulmans en reçoivent les meilleures. Dans le même temps, la Turquie interdit toute immigration juive et chrétienne sur ces territoires (Liban-Palestine). Il convient de rappeler que les musulmans originels de ces régions sont des druzes qui sont en général considérés comme hérétiques tant par les sunnites que par les chiites; ils ne sont donc pas considérés comme fiables. En France éclate l’affaire Dreyfus, il s’agit d’un officier juif qu’on a accusé d’avoir vendu des secrets à l’Allemagne. Il était innocent, mais le déferlement de haine antisémite inquiète les Juifs, c’est ainsi que Théodore Herzl fonde le mouvement sioniste en 1897. En 1904 éclate la guerre russo-japonaise que la Russie perd; comme le tsar ne pouvait être vaincu, il tournera la contestation de son peuple vers les Juifs. Les pogroms de 1905 font des milliers de morts, les cosaques paradaient avec des têtes de bébé juifs piqués au bout de leurs lances. Après ces pogroms, les Juifs estiment que leur situation est intenable; comme ils se sentent russes, ils vont massivement rejoindre le parti communiste interdit, et seule une minorité rejoindra le mouvement sioniste. Quand éclate le Premier conflit mondial, la Turquie fait alliance avec l’Allemagne, elle sera ainsi parmi les vaincus. La déclaration Balfour de 1917 répond à plusieurs logiques. Ils veulent que les Juifs rejoignent les armées alliées; ils ont besoin de certains crédits de la part de banquiers juifs américains et aussi, voudraient bien que les Juifs russes s’éloignent du communisme. En effet, la bolcheviks veulent faire la paix avec l’Allemagne, ce qui serait un désastre pour le front franco-anglais. Bref, les Juifs russes ne vont pas les suivre, ils se sentent russes pas palestiniens. Ensuite viendra la Shoah pendant la Seconde Guerre mondiale. D’abord Hitler a favorisé l’immigration juive en Palestine; il voulait que les Juifs quittent l’Allemagne: USA, Palestine, n’importe où mais qu'ils ne restent pas en Allemagne. En 1939, l’immigration juive prend fin à cause de la guerre, c’est ainsi que va germer la solution finale. Un homme courtise Hitler, c’est le mufti de Jérusalem. Il va l’encourager dans le processus d’extermination des Juifs. En Égypte, sous l’impulsion de Hassan al-Banna, ont été créés les Frères musulmans qui vont se faire les champions de l’antisionisme: la Palestine est terre musulmane, les Juifs en petit nombre, comme dhimmis, peuvent y résider, mais pas y créer un État. L’idéologie frèriste en fera son cheval de bataille. Hitler a besoin de troupes et le mufti de Jérusalem se fait fort de lui fournir des troupes, c’est ainsi que les troupes SS comporteront trois divisions musulmanes pour un effectif de 30000 hommes. Dans ses émissions en turc, le mufti approuve l'extermination des Juifs qui est en cours dans les camps de concentration. L’absence de réaction des alliés est étrange à comprendre mais peut avoir plusieurs raisons: ils n’y croyaient pas; ils redoutaient qu’en dénonçant l’extermination, Hitler abandonne ce projet et qu’il utilise les Juifs dans ses usines d’armements; en outre, ils avaient bien conscience que les colonies seraient perdues après la guerre et que l’importance du pétrole ne ferait que croître, pétrole largement aux mains des nations arabes qui ne voulaient pas entendre parler d’un État juif en Palestine. Les survivants de la shoah ont effectivement compris qu’ils n’ont plus de place en Europe et décident d’immigrer en Palestine mandataire. Les Nations Unies votent la création d’un État juif et État arabe en Palestine. Les parties juives sont celles où les Juifs sont majoritaires; et les parties arabes là où ils sont majoritaires. Les États arabes n’acceptent pas cette décision et la Syrie et l’Égypte attaquent. Les forces arabes veulent avoir les mains libres pour achever l’œuvre d’Hitler et menacent de considérer que les Arabes qui n’évacuent pas les zones juives comme étant eux-mêmes des Juifs. Ils perdent la guerre et Israël ferme ses frontières, c’est ce que les Palestiniens appellent la nakba, la catastrophe. Ils ont quitté la terre qu’ils habitaient et n’ont jamais pu y retourner. Les lois onusiennes prévoient que les réfugiés deviennent des citoyens du pays où ils se sont réfugiés; c’est vrai pour tous les réfugiés sauf pour les Arabes palestiniens qui veulent rentrer dans ce qu’ils considèrent comme leur pays. En réalité, ils sont seulement instrumentalisés pour entretenir dans le monde arabe la haines des Juifs et surtout pour que les populations oublient qu’ils vivent dans des dictatures corrompues et prévaricatrices qui ne sont jamais parvenues à faire passer ces pays dans la voie du développement économique. Les principales ressources sont le pétrole et le gaz dont la nature non-reproductible implique leur raréfaction progressive. Enfin s’il est vrai que 600000 arabes palestiniens ont perdu leurs maisons, il est aussi vrai qu’un million de Juifs ont dû quitter les pays arabes. Les Arabes doivent donc s’occuper de leurs réfugiés comme Israël s’occupe des siens. Plusieurs plans de paix ont été faits pour régler le contentieux israélo-arabe et n’ont pas pu aboutir; je signale qu’Olmert a été jusqu’à proposer 98,5% de la Cisjordanie, Jérusalem-Est, etc. c’était en 2008. 

Le plan de paix Trump est très simple à comprendre: il a dit aux Palestiniens qu’ils ont quatre ans pour signer un traité de paix avec Israël, sans quoi les USA laisseront Israël annexer 40% de la Cisjordanie… Les choses doivent être claires, ce conflit a assez duré, soit les Palestiniens font un deal avec Israël dans lequel ils peuvent espérer 90/95% de la Cisjordanie, soit ils n’en font pas: le plan de Trump, c’est une deadline. Le but c’est de contraindre les Palestiniens à un accord en leur faisant comprendre qu’ils ne peuvent pas négocier un traité de paix à leur avantage avec les défaites militaires qu’ils ont connues. Israël a besoin d’un traité de paix pour normaliser ses relations avec le monde arabe et les Palestiniens d’un État. 

L’absence de solutions de paix est le résultat de logiques antagonistes. Au niveau israélien, le problème a été la création de colonies en Cisjordanie sans réellement en mesurer les conséquences; en effet, quand des traités de paix furent faits avec le Jordanie, ce pays ne voulait plus de la Cisjordanie, estimant que trop de Palestiniens nuiraient à l’équilibre de leur État. L’Égypte a abandonné Gaza à la Palestine, parce qu’elle savait ce territoire soumis à l’influence frèriste et qu’ils n’avaient pas totalement envie de s’en occuper. À ces problèmes s’en ajoutent deux: l’incapacité des Palestiniens à former un gouvernement crédible, la plupart des responsables palestiniens ont la fâcheuse habitude de prendre leurs intérêts particuliers pour ceux de la Palestine. Enfin, les Arabes cisjordaniens et gazaouis ne parviennent pas à accepter la décision de l’ONU. On reproche souvent à Israël de vouloir un grand Israël, mais jamais on ne reproche aux Palestiniens de vouloir une grande Palestine du Jourdain à la mer Méditerranée. Quand les accords d’Oslo furent révélés très peu de gens en Europe écoutèrent le double discours d’Arafat: aux Occidentaux, il parlait d’une solution à deux États et à son peuple, il disait que les Israéliens avaient accepté le retour des réfugiés et que tout de suite après, il devait y avoir un référendum sur Israël; la démographie étant nettement en faveur des Palestiniens, il était évident qu’Israël cesserait d’exister. De telles clauses n’ont jamais été signées lors de ces accords, mais son peuple l’a cru. Israël a développé depuis trente ans une technologie de guerre qui rend se pays bien plus puissant que ce qu’un pays d’une si petite surface ou avec aussi peu de population peut espérer: armes nucléaires, nombreux avions, etc. Les Israéliens constatant le blocage ont abandonné Gaza. La corruptions du fatah était telle que le Hamas y a pris le pouvoir, provoquant un état de guerre permanent. La plupart des attaques arabo-palestiniennes ont fait l’objet de systèmes de blocages de la part des Israéliens: le mur, liquidation ciblée, dôme de fer n’en sont que les aspects les plus visibles. Autrement dit, les maigres avantages militaires qu’ils possèdent font rapidement l’objet d’une parade. Il est possible que les Arabo-palestiniens tentent de montrer qu’ils sont capables de frapper; les Israéliens bloquent les attaques et installent des colonies comme mesure de rétorsion. Le problème, c’est que les Palestiniens ne lâchent pas prise et comme ils continuent d’accumuler les échecs, leur territoire s’est réduit comme peau de chagrin. Il se fait que politiquement tout cela est devenu très complexe, le plan de Trump vise simplement à mettre fin au conflit en obligeant les Palestiniens à cesser de dicter leurs conditions sans avoir la force nécessaire. Pour Trump, si dans quatre ans les Palestiniens n’ont pas su faire la paix avec Israël, Israël peut démembrer la Cisjordanie et lui laisser un territoire semi autonome entièrement cloisonné. En fait, Trump veut en finir avec la cause palestinienne: soit ils veulent vivre en paix avec Israël et ils auront un État, soit ils ne veulent pas vivre en paix avec un État et leur territoire va se réduire à rien; avec en plus la promesse qu’ils n’en auront pas et qu’ils seront deviendront une simple administration coloniale israélienne. Trump veut en finir parce que ce conflit empoisonne tout, c’est à partir de sa non-résolution que l’islamisme s’est développé. Les États arabes ont, comme cela a été dit, utilisé les Palestiniens pour faire oublier à leurs populations leurs graves manquements; mais suite aux défaites de 67 et de 73, ce sont les islamistes qui en ont reçu les dividendes. Les islamistes, en cas de conflit direct avec Israël ne feront pas mieux, mais cela les gens ne le savent pas.  

De très nombreuses autorités rabbiniques se sont opposées au sionisme, parce que, prétendent-ils, les Juifs auraient juré de renoncer à ce territoire tant que le messie n’est pas arrivé. Dans la réalité, le refus des rabbins de soutenir le sionisme a largement provoqué la shoah; si les Juifs avaient eu un territoire propre, les Anglais n’auraient pas pu bloquer l’immigration des Juifs en Palestine mandataire, bloquant ceux-ci dans leurs pays respectifs et en faisant une proie facile dans les projets génocidaires d’Hitler. Le retour à Sion est pourtant un fondement de la Torah.

Le pape Pie X a reçu Herzl et lui a dit qu’il était hors de question de cautionner le mouvement sioniste sauf si les Juifs se convertissaient au catholicisme. En Luc, on peut lire ceci (21, 20–24):
Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez alors que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au milieu de Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champs n'entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de vengeance, pour l'accomplissement de tout ce qui est écrit. Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là! Car il y aura une grande détresse dans le pays, et de la colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplies.
Les chrétiens ont tenté d’interpréter la prophétie comme se référant à Constantin, mais la meilleure interprétation est d’y voir l’annonce de la reconstruction du Royaume libre et indépendant de Judée. De nombreux protestants ne s’y sont pas trompés et utilisent ce passage de Luc pour justifier leur soutien à Israël. Les musulmans sont hostiles à Israël, pourtant ils n’ont pas de raisons coraniques de l’être.  On lit en Coran 50, 20–26
20 (Souvenez-vous) Lorsque Musa (Moïse) dit à son peuple: «Ô, mon peuple ! Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous, lorsqu'Il a désigné parmi vous des prophètes. Et Il a fait de vous des rois. Et Il vous a donné ce qu'Il n'avait donné à nul autre aux mondes. 21 Ô mon peuple! Entrez dans la terre sainte qu'Allah vous a prescrite. Et ne revenez point sur vos pas [en refusant de combattre] car vous retourneriez perdants. 22 Ils dirent: «Ô Musa (Moïse), il y a là un peuple de géants. Jamais nous n'y entrerons jusqu'à ce qu'ils en sortent. S'ils en sortent, alors nous y entrerons.” 23 Deux hommes d'entre ceux qui craignaient Allah et qui étaient comblés par Lui de bienfaits dirent: “Entrez chez eux par la porte; puis quand vous y serez entrés, vous serez sans doute les dominants. Et c'est en Allah qu'il faut avoir confiance, si vous êtes croyants.” 24 Ils dirent: “Musa (Moïse)! Nous n'y entrerons jamais, aussi longtemps qu'ils y seront. Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes.” 25 Il dit: “Seigneur ! Je n'ai de pouvoir, vraiment, que sur moi-même et sur mon frère: sépare-nous donc de ce peuple pervers.” 26 Il (Allah) dit: “Eh bien, ce pays leur sera interdit pendant quarante ans, durant lesquels ils erreront sur la terre. Ne te tourmente donc pas pour ce peuple pervers.”»
De la péricope, on déduit que les Juifs sont le peuple de Dieu, les ordres de Dieu sont permanents, ils doivent donc entrer dans leur terre et combattre, même si c’est pour affronter des géants… Quand Moïse rejette le peuple Juif, Dieu le refuse mais le fait tourner en rond dans le désert pendant 40 ans… Le mot hébreu Yèhûdîm se traduit différemment selon les circonstances, quand les Juifs vivent en Judée, ils sont des Judéens et en exil, ils sont des Juifs. 

Quand Théodore Herzl a commencé à répandre le sionisme parmi les siens, la principale opposition est venue des rabbins dont le Coran dit qu’ 9.31. Ils ont pris leurs rabbins […], comme Seigneurs en dehors d’Allah, […] 9.34. Ô vous qui croyez ! Beaucoup de rabbins et de moines dévorent, les biens des gens illégalement et [leur] obstruent le sentier d’Allah

En Coran 5, 103–104, on peut lire: 
[Pharaon] voulut donc les expulser du pays. Alors Nous les noyâmes tous, lui et ceux qui étaient avec lui. Et après lui, Nous dîmes aux enfants d'Israël: «Habitez la terre.» Puis, lorsque viendra la promesse de la (vie) dernière, Nous vous ferons venir en foule. 
Le Coran est parfaitement clair, avant que ne survienne la fin des temps, Dieu fera revenir les Juifs sur leur terre ancestrale… Si Ibn Kathir dans L'exégèse du Coran (p 788) affirme que le passage se réfère à l'après résurrection, cette interprétation satisfait les musulmans puisqu'elle justifie leur antisionisme. Pourtant le passage peut autant se comprendre de la période qui précède la fin des temps. Les musulmans préfèrent néanmoins aller contre la parole du Coran, peut-être redoutent-ils la fin des temps et le jugement qui vient? Je crois que le Coran est bien une révélation, mais je crois aussi que les imams se sont mis entre Dieu et les hommes, comme les rabbins et les prêtres… Ce qui d’ailleurs est aussi un des reproches de Jésus. Bien entendu, les imams diront que les Juifs doivent d’abord devenir musulmans! sont-ils aveugles? ont-ils l’esprit lourd? Le musulman est celui qui applique la parole de Dieu telle qu’il l’a reçue dans sa transmission, il commence par révérer les commandements de sa religion et ensuite son esprit se soumet entièrement à l’Esprit de Dieu. Or pour le Juif, habiter la Judée et y dominer est une obligation, s'il n'y arrive pas, il doit se considérer comme en état de punition et d'expiation en attendant que Dieu calme sa colère.

Les musulmans doivent se séparer de la prétendue cause palestinienne qui est contraire à la volonté de Dieu, d’ailleurs en hébreu, fîlishtîm que l’on traduit pas les Philistins signifie aussi les envahisseurs… Quand vous soutenez la cause palestinienne vous soutenez des envahisseurs… Bien entendu, quand Israël sera redevenu le royaume biblique, les arabes qui y résident et s’engagent à renoncer au terrorisme doivent être bien traités, une même loi pour le Juif et l’étranger, comme le rappelle la Torah. 

L’islam aujourd’hui doit calmer sa colère; la colère est bonne quand la cause est juste, mais quand elle devient injuste la colère se transforme en aveuglement. Il n’est aucune affirmation de la trinité dans les paroles de Jésus, même la finale de Matthieu était différente dans les plus anciens manuscrits, pourtant les chrétiens ont développé le concept de Trinité, ils ont été punis, l’islam est venu. La volonté de Dieu est limpide, il suffit de lire… Si les Judéens commettent des injustices, ils devront quitter la Judée sans qu’aucun musulman ne doive faire quoi que ce soit pour que cela arrive… Les hommes se jugent eux-mêmes. Dans les deux derniers versets de la Fatiha, il est écrit: Guide-nous dans le droit chemin, le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. L’interprétation traditionnelle veut que ceux qui ont encouru la colère de Dieu sont les Juifs et que les égarés sont les chrétiens. Une telle interprétation conduit à l’aveuglement, le musulman se disant que tout lui est permis, alors que chaque homme s’il fait le mal ou s’il le soutient encoure la colère de Dieu ou s’égare.

— Stephan HOEBEECK 

vendredi 10 janvier 2020

Mort et résurrection de Jésus dans l'évangile des ébionites

Les Pères de l'Église mentionnent trois évangiles dit hébreux: évangile des hébreux, évangile des nazaréens et évangile des ébionites. Comme, en général, les Pères qui mentionnent l'évangile des hébreux ne mentionnent pas l'évangile des ébionites; on en a déduit qu'il s'agissait d'un seul évangile. Et comme les rares fragments sont des fragments pris à divers endroits de ces évangiles il n'est pas possible de conclure s'il s'agit d'un même texte ou de textes différents. 
Certains rapprochent sa structure de Matthieu d'autres de Luc; d'autres pensent enfin qu'il s'agirait plutôt d'une harmonie évangélique similaire aux Mémoires des Apôtres qui était en possession de Justin, puisque l'évangile des ébionites est parfois appelé l'Évangile des Douze.
Cet évangile a survécu à travers une bonne dizaine de citations, de notices et de résumés de péricopes particulières. On sait en tout cas, que cet évangile affirmait que Jésus était un messie, et que l'Esprit Saint était le Messie. Jésus y était fils de Joseph, il ne devint donc habité par l'Esprit Saint qu'au moment de son baptême. Pour résumer, disons que la nature divine de Jésus qui coexiste avec sa nature humaine depuis sa conception, n'est plus innée mais acquise. La messianité est, pour les ébionites, simplement l'homme qui est illuminé par l'Esprit-Saint. Dans leur conception, Jésus est un exemple, le plus parfait des hommes, mais seulement un exemple. Les ébionites en déduisent qu'il ne fait pas adorer ou prier Jésus, mais seulement pratiquer les commandements pour se rendre disponible à la venue de l'Esprit-Saint. Un messie est donc simplement quelqu'un à qui Dieu a donné accès au fruit de l'arbre de vie. Pour les ébionites, Jésus a goûté au fruit de vie, il n'a ni été le premier et il ne sera pas le dernier. Le christianisme dira que Dieu s'est fait homme en Jésus, pour que l'homme puisse se refaire Dieu; ils disent cela parce qu'il estiment impossible que l'homme puisse arriver par ses propres moyens à l'illumination... Pour les ébionites, mais ce que je dis est interprétatif, l'homme en faisant le mal se remplit de l'Esprit de mensonge; l'homme en faisant le bien se remplit de l'Esprit de vérité. La question de la liberté de Dieu est vraisemblablement pour les ébionites totalement hors sujet et de l'ordre de la pensée grecque.
L'évangile est avant tout une aggadah, un histoire pour nous faire comprendre les mystères divins. Les chrétiens ne le lisent néanmoins pas comme une aggadah, mais comme une œuvre historique, historiquement vraie. Ils disent avoir le sens spirituel de l'Ancien Testament, et ne connaissent même pas le sens spirituel de leurs propres textes; et même quand ils soupçonnent ce sens caché, le sens historique des évangiles reste seul valide. 
Je ne pense pas que l'Évangile des Ébionites soit l'évangile original déformé par les chrétiens. Les rares fragments et résumés que nous en avons en montrent toutefois l'intérêt. 
Depuis 2000 ans, il y a dispute sur la date de la mort de Jésus, pour les synoptiques, il a mangé la pâque, été arrêté, jugé, crucifié et est mort le 15 nissan (rappelons que pour les Juifs, un jour commence au coucher du soleil, le vendredi soir, pour les Juifs n'est pas la veille du shabbat, mais bien le shabbat); tandis que pour Jean, Jésus a été arrêté, jugé, crucifié et est mort le 14 nissan. L'Église affirme que c'est le 14 nissan; en effet, le 15 nissan est une convocation sainte, donc un shabbat, quelque soit le jour de la semaine, donc pas de sanhédrin ouvert le 15 nissan, ce qui est un peu ennuyeux pour l'histoire. L'Église se trompe néanmoins, parce que le 14 nissan, le sanhédrin est ouvert le jour, mais ne siège pas, il se déplace au Temple pour surveiller les cérémonies pascales qui se déroulent toute la journée; celles-ci à l'époque se terminaient par le sacrifice de l'agneau pascal, quatre à deux heures avant le coucher du soleil le 14 nissan. L'agneau était mangé lors du repas du soir le 15 nissan.
Pour l'Évangile des Ébionites, Jésus a bien été tué un 15 nissan, comme dans les synoptiques. On ignore tout de la manière dont ils décrivaient son procès. 
Jésus a mangé l'agneau le 15 nissan avant son arrestation. Quand il est ressuscité, il rendit le linceul au serviteur du prêtre, ce qui suppose que Joseph d'Arimathie était un cohen. Il sut alors que Jacques jeûnait depuis sa mort en attente de sa résurrection. Il vint auprès de Jacques et bénit et rompit le pain afin qu'il mange. (Il est vraisemblable que Jésus monte directement aux cieux après cette bénédiction).
La première partie du résumé provient d'Épiphane de Salamine qui résume/cite l'Évangile des Ébionites; la seconde partie vient de Saint Jérôme qui résume/cite l'Évangile des Hébreux.
Le sens de la narration est totalement symbolique et pas très compliquée à comprendre. Ce n'est pas de Jésus qu'il est question mais du Temple de Jérusalem. La destruction du Temple en 70 fut un événement dramatique pour les Juifs; on a vu l'émotion suscitée par la destruction de Notre Dame de Paris, pour avoir un ordre de grandeur avec le Temple de Jérusalem, il faudrait imaginer que Notre Dame de Paris serait la seule cathédrale du monde, que toute la vie des chrétiens serait basée sur le cycle de Notre Dame de Paris, et qu'en plus Jésus résiderait dans cette cathédrale de manière invisible. 

Jésus qui mange la pâque se réfère aux sacrifices d'animaux qui s'y produisaient; mais le Temple visible ayant été détruit, les sacrifices ont pris fin. On doit donc rechercher le Temple caché qui lui est indestructible et qui est représenté par Jésus ressuscité qui rend son linceul, et on accèdera au temple spirituel par l'eucharistie du pain et du vin, l'homme doit comprendre que les sacrifices ont pris fin. Il n'y a rien d'historique seulement de l'allégorie. Jésus est donc la personnification du Temple de Jérusalem!

Stephan Hoebeeck  





















mardi 7 janvier 2020

Je ne suis venu que pour les brebis égarées d'Israël — Réponse aux musulmans et aux chrétiens

Cette phrase est utilisée par les musulmans pour affirmer que la mission de Jésus fut essentiellement locale, et incidemment pour affirmer que la mission de Muhammad est universelle. 
Les chrétiens répondent à cela que Jésus, après sa résurrection, a envoyé Jésus faire des disciples dans le monde entier.

Cette phrase est à la fois simple et complexe et a donné lieu à des interprétations diverses, certains la comprenant comme Jésus qui demanderait à ses disciples de rechercher les tribus perdues d'Israël; et certains affirmant même que les non-Juifs qui entrent dans les mouvements types messianiques, ce serait parce qu'ils auraient un ancêtre juif oublié, et qu'ils rejoignent l'évangélisme messianique. Ces interprétations sont totalement erronée.

La phrase n'a été dite que deux fois par Jésus, et n'est transmise que par l'évangile de Matthieu en deux circonstances différentes.

Le passage de Matthieu est le suivant:
Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger.  Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze apôtres. [...] Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions suivantes: N'allez pas vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche. etc. (Mt 9, 35–38 et 10, 1–7)
Le passage ne présente aucune difficulté, ce passage a été énoncé au moment où se constitue les premiers disciples; et c'est bien dans ce cadre spécifique qu'il faut comprendre le passage. Jésus envoie ses disciples recruter d'autres disciples; mais, les chrétiens l'oublient trop souvent, l'enseignement de Jésus suppose que tu as des bases de judaïsme, si tu ne sais pas les fêtes, les commandements, etc. il faut d'abord que tu apprennes cela, avant d'avoir les enseignements spécifiques de Jésus. Les païens n'ont évidemment aucune connaissance de la Torah. Jésus a simplement pris une décision pragmatique, pour l'instant, nous sommes peu nombreux, formons d'abord des fils d'Israël, et pour les autres on verra ensuite. En fait, il aurait été plus facile dans le découpage en chapitres de Matthieu, de rattacher 9, 35–38 au chapitre 10, certaines personnes croyant que le passage d'un chapitre à un autre marquerait une rupture. La division en chapitres n'a comme but que de faciliter les références. 

Le second passage se réfère à la guérison de la cananéenne (Mt. 15, 21–28); il existe une version qu'on peut lire encore chez Marc 7, 24–30 qui ne précise pas que c'est une cananéenne et qui ne mentionne pas les brebis égarées. 
Lors d'un voyage à Tyr, une femme demande à Jésus de guérir sa fille, Jésus la rejette disant qu'il n'est venu que pour les brebis perdues de la Maison d'Israël. Elle insiste et Jésus la rejette disant qu'il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens; la femme répond à Jésus que les petits chiens peuvent manger les miettes qui tombent de la table. Alors Jésus lui dit que sa foi est grande, et sa fille est délivrée des démons qui l'oppressaient. 
Ce passage donne parfois lieu à des accusations de xénophobie contre Jésus. C'est mal comprendre le passage. Les théologiens chrétiens ont en général interprété le passage comme le refus de Jésus d'aller vers les païens de son vivant; ils estiment que c'est après sa résurrection qu'il envoie ses disciples.

D'abord, les Cananéens avaient disparu depuis 1000 ans au moment où la scène se déroule; elle n'est donc pas cananéenne. Deux mots hébreux peuvent se rapprocher phonétiquement de Cananéenne: kana° (כנע) qui signifie «s’humilier» et qana’ (קנא) qui signfie «jaloux» et qin’ah (קנאה), «jalousie, envie, zèle». La première idée est que cette femme est humble, ce qui est d'ailleurs le cas. La seconde idée, c'est de se référer au vocabulaire juif de l'époque qui n'est pas forcément celui qui sera retenu dans le Talmud. Dans le Talmud, un converti s'appelait un gèr, un étranger qui réside avec les Juifs, un prosélyte. À l'époque, on utilisait aussi pour désigner les convertis l'appellation de zélateur des coutumes juives (Antiquités 20, 47). La cananéenne n’est donc pas une cananéenne, ni non plus une humiliée, mais c'estc une convertie, une zélatrice des coutumes juives. Jésus ne la rejette pas comme on pourrait le croire, il la teste. En effet, à l’époque de Jésus, des hommes et des femmes se convertissaient, non par amour pour Dieu ni pour pratiquer avec exactitudes ses commandements, mais pour des avantages : les communautés étaient riches et puissantes, elles avaient de nombreux privilèges dont la dispense du culte impérial et un impôt moindre que celui des locaux; seuls les Grecs étaient mieux traités par les Romains. Socialement, le Juif était entre le citoyen romain de plein droit et le local, mais dans la réalité sa situation était bien plus proche de celle du citoyen romain que du local qu’il soit syrien, égyptien, mauritanien. Donc bien des gens voulaient devenir juif pour les avantages. Jésus test la femme, quand il comprend son humilité, elle devient pour lui une sœur et il guérit sa fille. Aucune xénophobie dans le passage, juste testé le converti pour voir sa sincérité.

Ce passage ennuie les chrétiens, parce que justement ils sont bien obligés d'admettre que s'il a converti des non-juifs, il les a convertis au judaïsme et pas au christianisme. Les chrétiens ne veulent pas se faire circoncire ni accomplir les commandements. Pourtant, Jésus a dit qu'il n'était pas venu abolir les commandements. 

Le concile de Jérusalem a pourtant été clair, Jacques frère de Jésus a dit (Actes 15, 19–20):
C'est pourquoi je suis d'avis qu'on ne crée pas des difficultés à ceux des païens qui se convertissent à Dieu, mais qu'on leur écrive de s'abstenir des souillures des idoles, de l'impudicité, des animaux étouffés et du sang.
Que veut dire cette phrase? Qu'il faut accepter tous les commandements de la Torah dont la circoncision, et tous les autres. Les chrétiens diront qu'ils ne lisent pas cela dans le texte; pourtant Jacques donne bien deux limites: la première est énoncée dans les versets précédents, il s'agit des païens d'Antioche, c'est-à-dire des non-Juifs qui vivent en dehors de la Judée. La seconde, c'est: ceux des païens qui se convertissent à Dieu. Or la plupart des chrétiens ne sont pas des païens à l'origine; ils sont des fils de chrétiens, eux-mêmes fils de chrétiens, etc... La parole de Jacques veut simplement dire que si pour des convertis de la première et de la seconde génération, la circoncision n'est pas obligatoire, mais qu'elle devra le devenir dans les générations suivantes, mais qu'entre temps ils doivent appliquer les lois noahides. Les lois noahides sont transmises aux non-juifs qui veulent se convertir et qui doivent être appliquée entre le moment où ils manifestent leur désir et où ils se convertissent complètement...

Les chrétiens n'ont pas compris Paul, un rabbin, si tu viens pour te convertir, va d'abord te dire non, pour tester ta motivation; quand il voit que tu es réellement motivé on te converti... Mais les chrétiens ont utilisé les paroles de Paul et les ont déformées pour justifier leur incirconcision... L'islam est une punition de Dieu pour notre refus de la circoncision et de la casheroute... Quant aux musulmans, en disant que la Torah et l'évangile sont falsifiés, ils sont comme les chrétiens, dans l'ignorance.

— Stephan Hoebeeck