mardi 22 octobre 2019

La question de la femme adultère

Il est devenu courant d'entendre que Jésus a aboli la Torah et l'a rendue caduque... Cette affirmation est fausse et impossible à justifier par les textes; elle procède d'une mauvaise compréhension de Paul.

Cette histoire, quoi qu'elle soit absente des manuscrits anciens, est l'une des plus répétées par les chrétiens qui pourtant ne la comprennent pas. Il retienne seulement qu'une femme adultère aurait dû être lapidée et qu'elle ne l'a pas été.

La Torah prescrit la lapidation des femmes adultères en Lévitique (20, 10): Si un homme commet un adultère avec la femme d'un autre homme, avec la femme de son prochain, l'homme et la femme adultères doivent être mis à mort. Or, c'est tout le problème de la narration évangélique: où est l'amant? Son absence est d'autant plus étonnante qu'elle aurait été prise en flagrant délit. Qui peut certifier que Jésus n'aurait pas lancé la première pierre si l'amant avait été présent? Personne. 

La difficulté peut néanmoins être levée autrement, cette femme adultère était plus probablement une prostituée. Si le grec moikhèia ne laisse aucun doute, c'est adultère et pas prostitution; l'hébreu na'af signifie «commettre l'adultère», mais aussi «se prostituer», éventuellement aux idoles, donc pratiquer l'idolâtrie. Certaines écoles rigoristes prônaient la peine de mort pour les prostituées. On peut lire dans le Deutéronome (23, 18): Il ne doit pas y avoir une prostituée parmi les filles d'Israël, ni un prostitué parmi les fils d'Israël. Mais il n'y a pas de peine prévue. Ce qui implique une possibilité pour la personne de changer de vie. Il y a un cas où la prostituée doit être exécutée, c'est si elle est fille de prêtre, ainsi que le dit le Lévitique (21, 9): Et si la fille de quelque pontife se déshonore par la prostitution, c'est son père qu'elle déshonore: elle périra par le feu.

Cette femme est donc très vraisemblablement une prostituée. Jésus lui dit simplement: «Va et ne pèche plus». Pourquoi ne l'a-t-il pas condamnée? Si elle n'est pas fille de prêtre, son acte ne mérite pas la mort; même si, en certaines circonstances, celle-ci a vraisemblablement été appliquée aux prostituées. Enfin, dans le cadre de l'occupation romaine, il est plus important de chasser les Romains que de s'occuper des prostituées.

Prétendre que par cette péricope, la loi serait abolie revient surtout à étaler son manque de connaissance de la Torah et de l'époque.


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